Suikoden est un RPG sur PlayStation développé par Konami au milieu des années 90. On y incarne le fils de Teo McDohl, un des cinq Généraux de l'Empire. Très rapidement, un ami nous délivre une rune renfermant des pouvoirs très puissants et qu'il faudra mettre à l'abris des convoitises de Lady Windy, sorcière et compagne de l'Empereur Barbarossa.

Visuellement, ce jeu conserve le style oldschool de nombreux RPG de SuperNintento : les graphismes 2D sont de la partie et les adeptes des consoles 16bit ne doivent pas être trop dépaysés par la transition. Néanmoins, la qualité graphique est quand même plusieurs crans au-dessus et l'ensemble est à la fois cohérent et agréable à regarder.

D'un point de vue scénaristique, on reste dans un registre très classique. L'aventure avance quête par quête, et si les rebondissements n'ont généralement pas de quoi surprendre, les missions ne s'étendent pas trop en longueur et on parvient à accrocher à l'histoire. L'une des particularités de ce jeu est la présence d'une centaine de personnages jouables. Chacun a un rôle à jouer. Certains sont facultatifs alors que la présence des autres est capitale.

Le système de combat est lui aussi assez classique : on y retrouve l'attaque normale, la position de défense, l'utilisation d'objets et l'utilisation de runes. Ces dernières peuvent être liées aux personnages, à raison de une chacun, et elles leur confèrent des attaques magiques ; par exemple une rune de feu va donner des sors de feu, dont la variété et la puissance dépend du niveau du personnage en magie. Ajoutons à cela que jusqu'à six personnages peuvent disputer les combats, ce qui donne potentiellement davantage de possibilités.

L'autre aspect des combats réside dans l'équipement. Chaque personnage peut être équipé d'un casque, d'une armure, d'objets et éventuellement d'un bouclier, le tout jouant sur les caractéristiques de défense et ajoutant parfois quelques bonus (vitesse, puissance, etc). De plus, ils ont tous une arme qui leur est propre et qui possède un niveau. La puissance d'une arme peut être améliorée en allant voir un forgeron. Mais certains sont meilleurs que d'autres et il ne sera donc pas possible d'avoir une super arme dès le début de l'aventure !

Les combats sont donc assez classiques et présentent un autre inconvénient de taille : hormis un ou deux boss, les ennemis sont tous faibles. Or, Suikoden fait constamment appel à des combats aléatoires assez fréquents, si bien qu'on peut parfois passer une heure à faire "Ok" pour frapper les ennemis et avancer. C'est là qu'on est heureux d'utiliser un émulateur pour passer les combats en accéléré. Ajoutons à cela qu'au début de chacune des nombreuses quêtes, on nous impose la présence d'un ou deux personnages particuliers, si bien qu'il faut mettre à jour leur équipement, éventuellement aller faire quelques combats pour remonter leur niveau, retourner sauvegarder, etc. Bref, il n'y a rien d'insurmontable, mais certains aspects pratiques sont un peu négligés et cela devient parfois frustrant de passer pas mal de temps à faire toujours la même chose.

En plus des combats classiques, on trouve un type de combats entre armées. Cela change de l'ordinaire et donne un peu de fraîcheur au jeu. En pratique, cela fonctionne au tour par tour, et à chaque tour l'ennemi donne un ordre à ses troupes et nous faisons de même avec les nôtres. On a le choix entre attaquer au sol, envoyer des flèches à distance ou utiliser de la magie. En remplissant certaines quêtes secondaires ou en tâtonnant, on finit par voir que chacun a son intérêt. Des actions spéciales peuvent aussi être menées, par exemple épier l'adversaire pour savoir ce qu'il envisage de faire au prochain tour. Quoi qu'il en soit, cela donne des combats assez sympatiques, même si encore une fois la difficulté reste relativement faible.

Ajoutons à cela que divers mini-jeux apparaissent tout au long du jeu : un jeu de mémoire avec des cartes, un jeu d'observation, un jeu de hasard avec des dés, etc. C'est l'occasion de se distraire et aussi parfois d'empocher beaucoup d'argent.

Au niveau musical, Suikoden est sympa mais hormis deux ou trois thèmes je ne l'ai pas trouvé vraiment attrayant. On est loin des mélodies de Chrono Cross ou des Final Fantasy, que l'on retient dès la première écoute.

Pour finir, de façon générale, Suikoden est un jeu assez sympatique. Cependant, de nombreuses caractéristiques sont archi classiques, et on reste assez insensible face aux événements. Avec cela, on ne retrouve pas la dimension émotionnelle pourtant si présente dans de nombreux RPG, notamment du fait de la multitude des personnages qui rend ces derniers assez impersonnels. Point positif, c'est un jeu assez court (une petite trentaine d'heures de jeu) et donc il n'est pas nécessaire de prévoir des nuits blanches pour le terminer.

Par conséquent, ce jeu est loin d'atteindre le niveau d'un Final Fantasy, d'un Xenogears ou d'un Chrono Cross, mais il permet quand même de passer quelques moments sympas.